Ma bulle

Avez-vous déjà eu l'impression de vivre en marge des autres? En marge de votre entourage, de vos amis, de votre famille? Comme si vous étiez prisonnier d'une bulle. Ou que vous possédiez des antennes et que vous étiez incapables de communiquer avec les gens qui vous entourent. Comme si tout, tout autour de vous, était insolite, étranger. Je fais parfois le constat d'être seul au monde, en train de rêver ma vie. Comme si rien de tout cela n'était réel, inventé par le dormeur qui rêve sa vie éveillée et qui se construit sa propre réalité. Et si nous n'étions que le rêve d'un dormeur? Et si nous étions tous, tous un chacun, la même et unique bulle de rêve du même dormeur? Chacun une fenêtre différente pour voir le monde endormi, comme différents masques, simultanément offerts au dormeur pour lui permettre de voir son rêve? En lisant entre les lignes, on sent que même Jostein Gaarder y fait allusion, à cette vie de rêve éveillé. À la lecture de son superbe roman Dans un miroir, obscur, les révélations de l'ange à l'enfant nous font comprendre que, pour Gaarder, l’humanité ne serait pour Dieu qu’une fenêtre sur lui-même, pour lui permettre de mieux se voir, de mieux se comprendre lui-même, de comprendre qu'il existe. Et si, en vérité, nous n’étions tous qu’une seule et même entité, vécue de différentes façons, sous différents points de vue? On nous apprend tout jeune que Dieu est en chacun de nous. Et si nous n'étions en fait tous que des miroirs obscurs? À travers desquels ce dieu, ce Dieu unique et omnipotent, ce Dieu qui est seul et qui a finit par créer pour tuer sa solitude, se regarde pour savoir qu'il existe vraiment? Et nous, pauvres fruits de son rêve, sommes pris de l'autre côté, du côté obscur, celui qui ne renvoie pas le reflet de ce tout que nous sommes vraiment. Et, prisonniers de cette bulle, nous ne comprenons rien à rien... Bref, aujourd'hui je me sens seul...