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18 septembre 2006

Le train du lundi soir

ELLE ET LUI

ACTE DEUX


Lieu: le train de banlieue, passé 16h45

Acteurs : MADAME, MONSIEUR, ELLE et LUI

Mise en situation: Un homme, LUI, se retrouve assis sur une banquette d’un train de banlieue. L’homme est coincé entre un duo, qui semble être un couple, et la paroi vitrée du compartiment. Le couple est formé de MADAME et de MONSIEUR et tous deux sont dans la quarantaine, vêtus d'une part d'un tailleur et d'autre part d'un complet de bureau. La femme est légèrement boulotte mais jolie, l'homme a le nez assez dur.

LUI est assis, un livre dans une main sur ses genoux, et semble perdu dans ses pensées en observant le reflet des passagers dans la vitre du train de banlieue.

L’histoire commence quand le train démarre et que MADAME et MONSIEUR entament une conversation.


*****


MADAME : Elle a encore essayé de t’appeler?

MONSIEUR : Oui, on dirait. (MONSIEUR regarde son portable avec attention et inquiétude).

MADAME : C’était bien son numéro, tu es sûr?

MONSIEUR : Oui, c’était elle. Elle a aussi laissé deux messages au bureau avant que je parte. Je les ai pris sur mon répondeur. Écoute.

MONSIEUR lui tend l’appareil et MADAME le met à son oreille.

MADAME : Elle pleure! On dirait presque des miaulements!

MONSIEUR : Oui. Elle veut probablement savoir si je finirai tard.

MADAME (qui lui remet l’appareil, visiblement dégoûtée) : Mon Dieu, je sais pas comment tu fais! On dirait qu’elle contrôle ta vie!

MONSIEUR : J’avais promis de rentrer pour cinq heures trente. Là, avec le trajet et la route après, je serai pas à la maison avant sept heures moins quart.

Un silence s’installe. D’autres passagers font mine de s’impatienter. MADAME parlait visiblement trop fort au goût des autres voisins.

MADAME : Tu devrais la remettre à sa place une bonne fois pour toute. Ça fait un méchant bout de temps que ça dure, notre histoire, quand même...

MONSIEUR (chuchotant): C’est pas si facile que ça.

Un autre silence.

MADAME : Tu pourrais au moins lui dire que tu arriveras toujours à sept heures. Comme ça, elle saura à quoi s’en tenir. Sans ça, tu ne seras jamais libre!

MONSIEUR : Je sais.

MADAME : Tu pourrais pas lui dire?

MONSIEUR : C’est pas facile. On dirait qu’elle ne veut jamais comprendre.

Un autre silence. MADAME ajuste son manteau sur son blouson et donne un coup de coude non intentionnel dans les côtes de LUI.

MADAME : Désolée.

LUI : Ce n’est rien.

LUI se risque à jeter un coup d’œil tout autour, détachant son regard du reflet dans la vitre.

LUI voit tout de suite que ce qu’il cherche n’est pas là. ELLE n’est pas là.

LUI referme son livre et l’installe entre la paroi et sa jambe. LUI ferme les yeux et essaie tant bien que mal de se reposer en posant un coude sur le rebord glissant de la fenêtre trop basse. Il se bat un moment avec le rebord de la fenêtre, puis finit par se croiser les bras et tente de s’assoupir.

La conversation reprend de plus belle à côté de LUI.

MADAME : Tu l’as amenée avec toi la fin de semaine dernière?

MONSIEUR : Oui. Je n’ai pas pu m’empêcher. J’étais tanné de l’entendre pleurer. Je me disais que ça lui ferait du bien de prendre de l’air.

MADAME (manifestant son dégoût et son ressentiment par un haussement d’épaules): Je te parie qu’elle est encore plus exigeante après ça!

MONSIEUR : Disons qu’elle semble s’attendre à ce que ça dure encore un bout.

MADAME : Eh bien, ce sera elle ou moi!

MONSIEUR : Tu es sévère avec moi. J’ai essayé de lui faire comprendre que tu es importante dans ma vie, mais on dirait qu’elle veut rien savoir. Ce n’est pas de ma faute.

MADAME : Je pense qu’il est clair qu’elle n’est pas capable de me sentir.

MONSIEUR : On dirait.

MADAME : Je pense que tu n’auras pas le choix de la faire tuer. Je connais quelqu’un qui demande pas cher…

MONSIEUR : Mais imagine la tête des enfants. Ils vont réagir comment, tu penses?

MADAME : Tu n’auras qu’à leur expliquer. Ils sont grands, ils comprendront. Tu as le droit d’être en amour toi aussi. Et d’ailleurs, eux non plus, n’en n’ont plus rien à foutre, d’elle!

LUI est manifestement incapable de s’endormir, pris par la conversation et l’ergonomie déficiente du train. Il finit par rouvrir les yeux et reprend la lecture de son bouquin.

MADAME : Je pense de plus en plus que tu dois en finir. Fais-la tuer je te dis. Après ça, on pourra passer à autre chose!

MONSIEUR (essuyant la larme à l’œil, un peu confus) : Je sais. Je vais le faire. Je vais appeler le vétérinaire demain.

MADAME : Cette idée, aussi, de dompter ta chienne pour lui montrer comment appuyer sur la composition rapide de ton téléphone!

Sur quoi MONSIEUR se met à brailler comme un veau, le visage enfoui dans ses deux mains.

LUI regarde tout autour. Mais ne voit vraiment pas ELLE. Il referme son livre et contemple encore une fois le reflet dans la vitre. Lundi vient de finir et il reviendra mardi soir.

Fin de l'ACTE DEUX


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Réponses à l'appel "Le train du lundi soir"

 

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