L'amitié est-elle une affaire de sexe?
Croyez-vous à l'amitié entre un homme et une femme? Je parle ici d'amitié réelle, détachée de l'émotion amoureuse ou platonique. Je parle ici d'amitié pure et simple, idéale, dépourvue de désir, même chaste, de l’autre. Je me sens souvent posé la question. Aujourd’hui, j’avais envie de partager mon point de vue… J'ai toujours cru le concept à toute fin pratique impossible ou du moins très utopique. J'ai toujours pensé, peut-être à tort, que du moment où les deux sexes sont en présence l'un de l'autre, peu importe à quel niveau, il se crée, inévitablement à mon avis, une proximité qui finit par abaisser les inhibitions de l'un ou de l'autre au fil du temps. Je pense qu'à un moment particulier de la relation d’amitié homme-femme, on voit apparaître une relation étrangement ambiguë où l'un des acteurs finit par ronger son frein alors que l'autre feint de ne pas s'en rendre compte. J'ai de la difficulté à croire les gens qui affirment haut et fort que cette notion d'amitié pure et dégarnie d'attirance est chose réelle et possible. J'ai toujours en fait soupçonné ceux (ou celles) qui tiennent ce discours soit d'être complètement aveugles aux signaux que leur ami(e) leur envoie, soit de faire preuve d’intentionnelle hypocrisie en se cachant délibérément de la réalité pour continuer à vivre avec l'enivrante sensation d'être un objet de désir non-dit. Un désir que ces personnes veulent bien courtois parce qu’autrement drôlement compromettant. Si je ne me retenais pas (et diable, pourquoi le ferais-je? c'est mon univers ici, non?) je pense que je dirais que ces gens se complaisent à revivre une sorte d’amour tel que vécu dans la préadolescence où le désir reste encore inavoué. Une sorte de souvenir vivant d’une jeunesse retrouvée. En fait, je me dis qu'une fois adulte, le temps manque plus souvent qu'autrement pour ce genre de frivolités. On devient souvent travailleur, conjoint et bien souvent parent. Avec au fil des années peu ou pas du tout de temps pour soi, pour ses proches, alors encore moins pour des amis. De moins en moins de temps, en fait, trop peu pour en perdre auprès de gens pour qui on n'a pas ou peu d'intérêt à nos yeux. Nos relations deviennent bien plus souvent qu’autrement intéressées : on garde contact parce qu’en quelque part, on a mutuellement quelque chose à s’offrir. Il m'apparaît que pour en perdre de ce temps dans une relation somme toute de nature très ambiguë aux yeux des autres, et qui conduit à une foules d'émotions et de questionnements sur ses propres désirs, il me semble que pour en perdre autant de temps auprès de l'autre sexe sans attendre quoi que ce soit en retour hormis l'indulgence, le support, l'écoute et l'amitié, il faut une pureté d'âme exemplaire et un contrôle de ses pulsions. Manifestement, je ne possèderai jamais ces qualités qui feraient de moi un excellent ami désintéressé par une grande amitié. Si j'avais une femme devant moi et que je la rencontrais, lui parlais et l'écoutais pendant des heures et des heures, ou alors un petit peu à la fois, sur des années et des années, sans pouvoir partager sa vie en aucune façon autre qu’une forte amitié complice, il me semble, et je suis peut-être retors ici, que je ne serais pas pleinement satisfait de cette relation. Comme si la fusion de l'âme ne serait pas tout à fait complète. Comme si, en tentant de nier une évidence de plus en plus manifeste au fil du temps passé à ses côtés, je me mentirais à moi-même et donc à cette personne. Et donc que le partage ne serait pas réellement idéal et authentique. Comme si je cachais quelque chose à cette amie pour laquelle je prétendrais ne pas désirer d'aucune façon, même d'un désir chaste, imaginaire, fantasmagorique. En fait, on pourrait selon moi voir dans l'amitié une forme d'amour platonique et non consommé, freiné par des barrières morales, sentimentales et rationnelles. À toute fin pratique, l'amitié pourrait presque être considéré comme de l'amour tempéré. J'irais plus loin en suggérant que l'amitié pourrait même être perçu comme une variante de l'amour, un stade moins prononcé d’un épanchement affectif sur l’échelle du sentiment amour-haine. Je me trompe peut-être. Sûrement. Il existe peut-être de rares cas où l'amitié entre homme et femme existe vraiment. Mais j'ai de la difficulté à comprendre comment cela peut être possible. Pour ma part, je n’ai jamais vécu cette amitié fusionnelle autrement qu’avec ma propre femme. La femme de ma vie, l’amour, l'amante et l’amie par excellence. Et aussi toute sorte d’autres choses que je ne vous décrirai pas ici. Parce que ça ne vous regarde pas. Je serais curieux de voir ce que d’autres ont à raconter à ce sujet. Avez-vous des exemples à raconter? Un point de vue différent sur la question? Une expérience pour éclairer ma lanterne et me corriger avec une bonne claque sur la gueule? Alors défoulez-vous... Libellés : Mes appels intérieurs |