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30 octobre 2006

Réveil - Troisième partie

« Je me suis réveillé dans un lit. Il y a quelques heures que j’essaie de me lever, mais rien n’y fait : mes jambes, comme le reste de mon corps, sont enveloppées d’une torpeur de laquelle, après plusieurs vaines tentatives, je comprends que je ne pourrai pas me tirer aussi facilement que simplement. Je ne sais pas combien de temps je suis resté couché ainsi, dans ce lit affreusement blanc qui pue la mort, mais je sais qu’il s’agit d’un temps suffisamment long pour que mes jambes – et le reste de mon corps, pardi! – ne sachent plus comment fonctionner. »


Vous voulez lire la suite? C'est ici, dans Mes petits cahiers.

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25 octobre 2006

Aux parents de mon nouveau neveu...

Mardi 24 octobre, aux petites heures du matin.

Ça y est!

Depuis hier, un nouveau venu est entré dans ma famille. Ma belle-soeur a donné à un beau petit bonhomme, accompagné de son conjoint. Je tiens à féliciter les nouveaux parents pour cet heureux événement. Et aussi à leur dire quelques mots de mon cru.

Mes amis, vous tenez entre les mains ce qui compte désormais le plus au monde pour vous.

Cet enfant qui vient de naître prendra de plus en plus de place dans vos pensées, dans votre coeur, dans votre vie. Vous vous rendrez bien vite compte, finalement, qu'il n'y a peut-être rien eu d'aussi important dans votre vie. Ce n'est pas une marionnette, encore moins un accessoire parental comme on en voit actuellement dans la vie de célébrités qui semblent magasiner l'attachement et l'amour par l'adoption.

D'ici quelques jours, quelques semaines, quelques mois, vous comprendrez à quel point ce petit bout de chair a pris de la place dans vos vies. De tenter de l'extraire de vos pensées, de votre vie, de votre façon de voir la vie, vous sera bientôt difficile, voire pénible et inévitablement impossible.

Je pourrais vous dire de faire attention de ne pas vous oublier, de penser aussi à vous, de vous garder des projets à vous, pour vous seuls et pour votre couple. Mais je pense que ce serait peine perdue. Cela viendra naturellement et en son temps si vous savez vous aimer assez fort...

Le fait est que d'avoir un enfant change toute notre façon de voir le monde. Vous êtes devenus de nouvelles personnes dès le moment où votre enfant a vu le jour.

Vous verrez. Vous revivrez, à travers votre petit bonhomme, toutes ces années d'enfance que vous pensiez avoir oubliées. Cette simplicité, cette sagesse enfantine, cette noblesse de l'âme qui se perd au contact avec la réalité et les préoccupations adultes. Vous tenterez peut-être même de changer le cours de votre jeunesse dans votre tête, à travers lui, par des conseils, par des gestes concrets.

Vous revivrez dans votre tête aussi les relations avec vos propres parents. Vous comprendrez des choses et finirez par ouvrir les yeux sur le don de soi, sur l'amour parental, sur l'abnégation, sur la notion même de ce qui est inconditionnel, sur les fautes et les échecs. Vous vivrez tout cela, à l'envers cette fois, et vous serez en mesure de comprendre, d'apprécier surtout, et peut-être même, ultimement, de pardonner.

Vous connaîtrez aussi la véritable nature de vos défauts de personnalité et de vos qualités, car ceux-ci vous sauteront en plein visage à travers votre enfant. Vous aurez parfois même l'impression de voir votre reflet dans un miroir et cela pourrait vous aider à changer et à vous corriger. Et aussi à vous accepter.

Vous apprendrez aussi le vrai sens du mot responsabilité. Avant, ce mot renvoyait à une dimension purement égocentrique et théorique. Dorénavant, il renverra à une notion très concrète de survie. Maintenant, vous apprendrez, à travers vos trippes et vos expériences parentales, le vrai langage de la vie.

Malgré tout, aucun livre ne vous dira comment aimer votre enfant. On ne nait pas parent. On ne l'apprend pas non plus dans les pages d'un livre. On le vit, avec notre coeur et nos émotions. On apprend sur le tas, avec tout ce que ça comporte d'essais et d'erreurs. Et surtout toutes les surprises.

Car si avoir un enfant c'est souvent d'apprendre, année après année, à mieux se connaître, c'est aussi apprendre à redécouvrir, à travers ses yeux, la vie comme elle l'a toujours été, dénudée de tous ces artifices qui, une fois devenus adultes, nous empêchent de voir et de vivre l'essentiel.

On vit plusieurs transformations dans sa vie. À mon avis, devenir parent est la plus belle chose qui peut arriver à un être humain.

C'est la plus belle transformation qui me soit arrivée personnellement.

Cela dit, je vous souhaite du bonheur dans votre nouvelle vie de parent.

Et bienvenue au nouvel arrivant!

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21 octobre 2006

Réveil - Deuxième partie

« Je suis assis dans mon lit. Les jambes encore sous les draps blancs froissés. Drôlement froissé, moi qui pourtant n’avais pas bougé depuis quoi? Quelques années, quelques mois, quelques secondes? Qu’en sais-je?

Je suis assis – dans ma tête, assurément, puisque mon corps est, je le sens, encore trop lourd et distant – et je regarde encore autour de moi. Le temps s’étire et coule, mais rien ne bouge autre que moi. Je reste longtemps assis comme ça. Des minutes, des heures, des jours, peut-être même des semaines, voire des mois ou des années. Mais rien n’agit. Rien ne se passe. Je sens le long désordre en moi balbutier quelque chose, mais les idées en moi se bousculent encore et virevoltent dans tous les sens. »


La suite dans Mes petits cahiers.

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18 octobre 2006

Le train-train quotidien

Je prends le train pour aller au boulot environ 3 à 4 fois par semaine.

Ça implique environ 1 heure de voyagement soir et matin, depuis la banlieue jusqu’au dernier arrêt de la ligne, avec débarquement en plein cœur de la grande ville. Et vice-versa.

Depuis trois semaines, mon horaire de travail est devenu assez imposant. En fait, il a toujours été assez imposant. Depuis 4 ans et demi, en fait. Depuis que j’ai changé de job pour une belle tour à bureau au centre-ville.

Pour certains vieux de la vieille, vous connaissez l’histoire mieux que moi, sans doute pour l’avoir vécue à maintes reprises. Changement d’employeur pour aller au plus offrant; des défis plus stimulants et mieux adaptés à votre niveau de carrière; un meilleur salaire; meilleurs avantages et meilleures perspectives.

Après 1 ou 2 ans de travail acharné où vous vous dépassez, dans la mesure du possible et de votre définition personnelle de l’équilibre travail-famille, vous vous surpassez même dans certaines obligations.

Le travail devient un mode de vie. Plus encore, il devient essentiel.

Certains matins, même, vous vous surprenez d’avoir hâte de rentrer travailler. Pas tant que votre vie personnelle vous embête. Non, seulement parce que la routine est confortable. Qu’elle laisse des traces en vous. Que votre job est rassurant. En dépit de tous ses inconvénient.

Après 2 ans, c’est la 3e année qui s’amorce. Souvent, de nouveaux défis. De nouveaux objectifs, de nouvelles tâches et surtâches. Habituellement, l’employeur et les collègues vous font beaucoup moins de cadeaux et n’ont plus tendance à excuser vos erreurs ou vos inaptitudes par un manque d’expérience. Habituellement, la démotivation se cache moins facilement sous vos airs de jeunesse professionnelle.

En fait, on devient sans pitié avec vous.

Et vous, vous devenez sans pitié pour l’employeur. Parce que vous voulez garder votre routine telle quelle, sans dérangement. Ou alors, parce que vous en avez assez de courir à gauche et à droite, de faire vos preuves, de montrer ce que vous savez faire. Vous aimeriez presque être à l’étape où vous aimeriez que les autres vous montrent eux de quoi ils sont capables. Et de vous accomplir à un autre niveau.

Fin de la lune de miel, donc.

C’est le début des contraintes et des critiques. D’un côté comme de l’autre. On commence à imposer nos vues et nos limites. Terminé le dépassement des objectifs, les preuves à faire, les quatre volontés exaucées. Vous êtes épuisé, vous en avez assez. Le burn-out est proche, alors vous le repoussez en même temps que les contraintes qu’on essaie de vous faire avaler avec des phrases sirupeuses comme le manque de budget, la pénurie des ressources, les objectifs prioritaires. Vous en avez assez mangé de ce pain-là. Vous n’êtes pas dupe vous non plus.

Alors, rentrer au boulot le matin devient un peu plus forçant.

Et quitter le soir plus hâtif.

À moins de se faire fouetter un peu. Et ça aussi, ça arrive. Pas plus tard qu’hier, je l’ai appris à mes dépends. En entreprise privée, il existe une règle d’or, non dite, officieuse: on ne doit jamais se plaindre d’un surplus de travail, d’un manque de temps ou de ressources.

En fait, on nous fait comprendre que tout le monde le sait de toute façon, que ça ne sert à rien d’en rajouter.

Alors, si vous êtes comme moi, vous cachez de plus belle la démotivation sous un voile opaque de problèmes de priorités et de gestion du temps. Il y a certes du vrai dans vos excuses. Mais il y a aussi peut-être un fond de paresse plus que d’abnégation. Je pense qu’il y a une forte dose de découragement devant une montagne d'objectifs irréductibles qui n’en finiront plus de s’accumuler. Mais que faire devant ce mur imprenable de tâches qui vous submerge jour après jour? Vous allez vers l’épuisement professionnel et, en entreprise, il n’y a pas pire maladie que l’épuisement professionnel qui laisse des traces indélébiles sur votre CV.

Vous vous dites que vous êtes peut-être dû pour passer à autre chose? Que vous devriez sauver votre peau avant que le travail ne vous submerge et ne vous noie?

Vous essayez de raisonner en vous disant qu’à force de changer d’employeur, votre CV finira par devenir une allée de supermarché. La stabilité est l’une des plus belles qualités d’un employé. Vous aimeriez qu’elle démontre non pas d’un manque d’ambition ou d’innovation, de votre désir une zone de confort durable, et de votre préférence pour la routine, mais plutôt d’une loyauté à toute épreuve, d’un sens de l’engagement. Bien sûr, l’employeur n’est pas dupe: il sit voir els signes. Mais il n'en fera rien et n'en dira rien. Car lui sera très enthousiaste devant votre routine établie, devant votre manque flagrant d’ambition qui vous cloue sur le même siège depuis des années: en vérité, malgré les belles éloges de dévouement qu’il vous servira de temps à autre, il se réjouira d’avoir moins souvent recours aux très dispendieuses agences de recherche de cadres et d’être moins démuni face aux problèmes d’effectifs réduits.

Faire plus avec moins est le moto des nouveaux modes de gestion qui prônent l'autonomie, l'abolissement des cadres intermédiaires et la responsabilisation des employés (sans pour autant leur attribuer le salaire qui leur revient, tout se fait en douce). Et du côté pratique, on sent la chandelle qui brûle par les deux bouts.

L’autre issue pour se sortir de l'impasse de la surcharge est de gravir les échelons ou la promotion latérale. Bon, vous mettrez par le fait même votre patron dans l'eau chaude, mais ce sera de bonne guerre. Mais si ces avenues ne résolvaient pas le problème de la surcharge qui vous guette? Si l'herbe n'est pas plus verte dans la cour du voisin, elle ne l'est souvent pas non plus à l'étage supérieur.

Quoiqu'il en soit, il y a toujours pire. Il y a aussi l’issue ultime.

L’issue ultime, en entreprise, c’est comme celle qu’a vécue cet homme que je ne vois plus depuis peu dans le train.

Depuis 3 ans, je croisais son visage. Jusqu’à l’an dernier, on contentait de se croiser du regard. Jusqu’à ce qu’une vieille dame, elle aussi habituée du train, nous présente et qu’on entame une conversation sinon quotidienne au moins hebdomadaire.

La semaine dernière et l’autre semaine d’avant, je n’ai pas pris le train. Mais je m’attendais à le voir ce matin, premier jour depuis 2 longues semaines de déplacement en auto-bazou.

Eh bien, ce matin, l’homme n’était plus là.

C'est la vieille dame dans le train qui m’a annoncé la nouvelle. Il vient de se faire flusher par son employeur. Il a arrêté de prendre le train vendredi dernier.

Ça m’a scié les jambes d’un coup.

Alors j’ai pris le train ce matin et je me suis dit que j’allais continuer à bosser sans trop me plaindre. Je garderai pour plus tard mes réserves de plaintes et de rancoeurs. J’en aurai bien besoin, quand, plus tard, on m’annoncera à moi aussi la terrible nouvelle.

Bref, je fais comme tous mes bons petits camarades de train qui se rendent au boulot le matin et qui retournent chez eux le soir venu.

Bref, je ferme ma gueule, j’encaisse et j’accepte d’écouter les inepties qu’on nous galvaude à la radio, dans les corridors, dans les familles : on est dont chanceux d’avoir un boulot.

Moi, je dis que le boulot est chanceux de nous avoir.

Sans nous, les entreprises privées crèveraient.

Et les actionnaires mangeraient du beurre d’arachides le matin au petit déjeuner et des sardines au souper.

Et les grands patrons prendraient eux aussi le train de banlieue avec nous au lieu de brûler les feux rouges avec leur Mercedès de l’année.

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17 octobre 2006

Réveil - Première partie

« Je reviens de loin.

Je ne sais pas d’où, mais je sais que je reviens de loin, de cet endroit indescriptible, inimaginable, qui dévore tout dans un silence étourdissant et qui, soudainement, fait que vous n’êtes plus rien du tout. »

La suite ici.

Un texte en cours qui se poursuivra au fil des semaines et des mois, au gré de mon inspiration, dans Mes petits cahiers.

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10 octobre 2006

Along the Gates

Un essai, cette fois-ci en anglais:

Along the Gates

Mes prochains élans d'écriture et de réflexion reviendront sous peu...

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08 octobre 2006

Aujourd'hui, c'est un grand jour...

Aujourd'hui, je fête mon premier anniversaire de mariage avec ma Douce.

Aujourd'hui, il y a 1 an jour pour jour, je fête mon union officielle avec ma femme.

Avec la mère de nos deux enfants.

Avec celle qui supplantera toujours toutes les
coiffeuses de ce monde. N'en déplaise aux coiffeuses elles-mêmes et pour faire mentir ma femme souvent inquiète sans raison.

Avec celle que j'ai rencontrée à Marseilles mais qui pourtant n'est pas française, et avec qui j'ai dansé sous le pont d'Avignon, il y a de ça plus de 11 ans.

Celle que j'aime plus que tout.

Bonne fête à nous deux!

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04 octobre 2006

L'Office de l'écume


Un vent d'écueil venait me frapper comme une brise
Et j'entendais dans ton mot bien plus qu'un soupir
Il y avait peut-être le soupçon d'un malheur
Peut-être y avait-il bien plus qu'un appel
Matines sonnait et je ne savais toujours pas
À quel chagrin m'adonner

=> La suite ici.

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03 octobre 2006

Comme une feuille




Le secret est dans le feuillage des arbres.

Je vous invite à y plonger (et à cliquer) pour vous rendre vers un autre monde: celui de
Mes petits cahiers...

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01 octobre 2006

Où vont les toutous qui traînent sur le bord des autoroutes?

Vendredi soir, 18h30.

Je n’ai pas pris le train ce matin.


J’ai dû me rendre au centre-ville de Montréal en auto, rendez-vous matinal oblige.

Je suis donc en auto pour le retour à la maison. Le bordel de trafic qui me retarde de 2 heures dans ma fin de semaine.

Si le matin le trafic se supporte, celui du soir, au retour à la maison, devient de plus en plus infernal. Peut-être parce que les objectifs sont différents? Peut-être parce que j’aime mieux mon chez-moi que mon lieu de travail? J'ai hâte de retourner mon chez-moi, j'ai de plus en plus mon travail en horreur.

Je roule lentement, pare-chocs à pare-chocs, sur l’autoroute 15. Celle qui mène vers le Nord, dans les Laurentides. Mon trajet à moi s’arrêtera bien avant la Porte du Nord. Une chance! Je me sauverai peut-être une autre demi-heure des
bozos de la Radio-Réalité, de ces rires en cannes des Grandes Gueules, ou alors des engueulades du Maire Gendron.

Comble de malheur, j’ai oublié d’amener mon lecteur mp3 ce matin. Je n’ai donc aucun remède au lent supplice de la route, de cette lente agonie radiophonique, si ce n’est que le silence.

Je ferme donc la radio. Je ne veux plus de ce vacarme de rigolades qui me donne mal au cœur. J’ai envie de vivre ma vie à moi, pas de ces heures loufoques à entendre des gens rirent du malheur des autres.

Après 10 minutes de silence assourdi par le roulement du moteur et le sifflement de l’air sur ma route, mon regard serpente entre les voitures, s’agrippe au rétroviseur qui me montre les verres fumées d'une Honda Civic qui me colle au cul, sur le nez retroussé d’une conductrice grisonnante, sur la moustache d’un vieux chinois ou encore sur la lunette arrière d’une camionnette, devant moi, où deux jeunes monstres ont décidé de me prendre en grippe en faisant un magnifique concours de grimaces.

Et c’est alors que je le vois.

Il est là, couché sur le ventre, sauvagement délaissé, lové contre la paroi de ciment au bord de la route, sur la voie de gauche. Juste au beau milieu du pont qui sépare la rive de l’île Jésus de celle de la banlieue Nord.

Un beau gros nounours en peluche, brun, sale, nu, triste.

Un gros nounours, la tête tournée de côté, qui me fixe de son œil unique, noir, profond.

J’imagine très bien le papa salaud, effronté et qui, pour se venger des pleurs indomptables de son enfant, pour taire une chicane qui lui martèle la tête contre son propre manque de temps, j’imagine très bien le père qui confisque à son enfant le seul objet de réconfort, baisse la fenêtre et le largue par-dessus bord.

Ça pourrait très bien être une maman aussi, exaspérée de son rythme d’enfer qui est en train de la gruger de l’intérieur, de la vider de sa joie de vivre, de sa patience, de sa vie, j’imagine très bien aussi cette maman crier sa rage et sa colère, déformer ses traits d’ange en un masque de folie pour mieux saisir le nounours et le lancer dehors pour le buter contre la margelle de ciment.

Ce toutou mourant n'est pas unique. La semaine d'avant, j'en ai vu des tonnes, sur le chemin inverse, dans le terre-plein central, se prélassant dans leur mort de peluche au soleil d'automne, tous identiques, d'une même famille: un petit orignal d'un brun très foncé, vêtu d'une veste verte, blanche et rouge, avec sur la tête une petite tuque rouge, je pense. Probablement un camion qui a fait un soubressaut de trop et qui a échappé sa marchandise de Noël.

Et le mois d'avant aussi, j'en ai vus d'autres de ces toutous, écorchés par la route, accidentés très certainement de leur contact avec le bitume. D'autres, des dizaines de ces toutous qui semblent vous regarder avec, dans le regard, cet appel à l'aide, ce désir de retrouver les bras de l'enfant qui lui manque.

Non, ce nounours égaré du vendredi soir n'était certes pas unique.

Des milliers de toutous meurent chaque année sur les routes du Québec.

Des milliers de toutous sont abandonnés, voire même mutilés sur les routes du Québec, délaissés par des parents qui n’ont plus la force de vivre leur équilibre travail-famille. Cette utopie que nous prône l’entreprise privée qui, en réalité, suit à la lettre les recommandations de leurs compagnies d’assurances contre les hausses incontrôlables des réclamations suite aux maladies mentales et aux burnout professionnels.

Des milliers de toutous, tous témoins de cette folie professionnelle qui est sur le point de remporter la manche sur la joie de vivre qui tente de survivre tout au fond de nous.

C’est alors que je me pose une question fondamentale. Une question grave, sombre, sévère.

Où vont les toutous qui traînent sur le bord des autoroutes?

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